EXPERTISES MANDATEES - EXPERTISES LIBRES

               EXPERTISES INTERDITES : VERS UNE JUSTICE A LA « SOVIETIQUE »

Des experts de France ont reçu une lettre de procureurs généraux leur intimant

l’ordre, pour des « raisons déontologiques » de ne plus procéder à des expertises

privées (que nous appellerons libres) pour ne pas prendre le risque de contredire

des expertises mandatées (nous les appellerons aliénées).

Lorsqu’un expert mandaté par le juge rend un rapport d’expertise, il faut savoir

qu’on lui demande de répondre à quelques questions très ciblées qui correspondent

le plus souvent au préjugé (voire au « préjugement » que le juge porte sur la

personne. L’expert limitera donc ses investigations à ces questions auxquelles il

répondra à l’issue d’une consultation en temps limité.

Pour corser l’affaire, certains juges font appel à des experts psychiatres dociles et

spécialisés dans un type d’approche . Ainsi un certain psychiatre est réputé pour

démolir des mères jugées par lui « folles », donc dangereuses pour leur enfant. Peu

importe que les témoignages, attestations et autres rapports d’experts libres les

estiment de « bonnes mamans ». Peu importe que ces femmes soient estimées dans

leur fonction sociale, parfois de contact : médecin, professeur ou assistante

sociale. Elles sont stigmatisées, à la demande du juge qui dans ce cas ne retient

que le rapport de son expert. Précisons que ces experts psychiatres sont

heureusement rares et chers. Leurs honoraires sont parfois dix fois supérieurs à

ceux d’un autre expert…

Mais un expert peut être consulté spontanément par une personne désirant que le

juge soit éclairé par des investigations beaucoup plus approfondies. Comme pour

cette expertise cet expert n’est pas mandaté ni aliéné à des questions du juge, il

exerce son art en toute liberté et en conformité totale avec sa déontologie. Il

peut, au terme des consultations, rendre un rapport divergent, voire contradictoire

avec celui de son confrère dépendant de simples questions préalables.

C’est ce type d’expertises libres que les procureurs ont décidé d’interdire pour que

la machine judiciaire puisse s’exercer, non dans la recherche de la vérité, mais selon

l’orientation que l’on a décidé de donner à cette affaire. Plus de contradictoire

sinon en se lançant dans une démarche longue, coûteuse et risquée qui consiste à

demander au juge de faire procéder à une autre expertise par un autre expert de

son choix qui devra répondre aux mêmes questions…

Il y avait donc, hier encore, des expertises mandatées et des expertises privées. Il


n’y aura plus que des expertises mandatées (aliénées), les expertises privées (et

libres) étant interdites.

Bien qu’il s’agisse des mêmes praticiens, il est considéré désormais qu’ils seront

dignes et honorables dans l’exercice d’un mandat, et des voyous dépourvus de

toute déontologie s’ils pratiquent les secondes. Et la punition viendra, après la

menace : « vous serez rayé de la liste des experts. »


Imaginons le procès du capitaine Dreyfus et les les trois questions du juge :

    1- Pensez-vous que le capitaine Dreyfus a prémédité sa trahison? 
    
    2- Pensez-vous qu'il ait eu tout à fait conscience de son acte abominable? 

    3- Avez-vous le sentiment qu'il en conçoit des remords?

Avec de telles que questions Dreyfus est déclaré coupable et condamné.


                       A nous maintenant de crier comme Zola :


                                               "J'accuse!"



Imprimer