En famille d’accueil ou en foyer - La résilience ?

    Selon les sources officielles, il y aurait environ 135000 enfants placés en famille d’accueil ou en foyer. Le juge Jean-Pierre Rosenczweig évaluait  ce marché de l’enfance à 5.34 milliards d’Euros en 2004(Télégramme de Brest du 26 juin 2004, p.9) . L’enjeu financier est donc considérable. Chaque enfant placé coûte en 2008  environ six cents Euros par mois à la collectivité. Mais là où le bât blesse c’est que 50 % des placements ne sont pas justifiés selon l’aveu même de monsieur Pierre Navres, Inspecteur Général de l’Action Sociale. (Emission Envoyé Spécial de France 2 du 07.06.2007).

Quand les placements sont justifiés : dans 20 % des cas le fait d’extraire un enfant à sa famille naturelle est sans doute la meilleure des solutions pour préserver son équilibre, son développement et amorcer dans les pires cas, sa résilience. Ces placements réussis :

     ► Se font parfois à la demande des parents qui traversent une situation familiale trop douloureuse pour l’enfant. Ce ne sont pas des parents maltraitants-bien au contraire-et ils préservent des rencontres ou des hébergements réguliers avec leurs enfants.

     ► Se font sur ordonnance du juge pour enfants quand les parents sont particulièrement maltraitants, ou incapables d’assurer l’éducation de leur enfant de sorte qu’il est « en risque » selon le terme adopté par les services sociaux. L’enfant retrouvera un milieu équilibré mais trop souvent, tôt ou tard, il est renvoyé dans son milieu familial qui, dans bien des cas, est toujours aussi déstabilisant, maltraitant, voire criminogène. Quand nos pédo-psychiatres seront-ils entendus ?

Les placements sont particulièrement regrettables :

     ► Quand la carence familiale est essentiellement matérielle et que par ailleurs les parents prodiguent soins, éducation et affection.

     ► Quand les carences éducatives ne sont pas accompagnées de violence et que les travailleurs sociaux sont en mesure d’apporter les conseils utiles pour parfaire les pratiques parentales.

     ► Quand le placement prend un caractère punitif : un bon père, une bonne mère mais qui sont en conflit. Le cas est de plus en plus fréquent. Le service AEMO menace d’envoyer l’enfant en famille d’accueil ou en foyer si le conflit persiste et, pour peu que l’un des parents voie dans une telle décision une occasion de se venger de l’autre parent (en sabordant une médiation par exemple), l’enfant sera placé sans tenir compte des qualités éducatives de l’autre parent et des efforts qu’il a consentis.

     ► A propos de la résilience : vécue et professée par le professeur Boris Cyrulnick , la résilience peut être définie comme cette capacité qu’ont les enfants meurtris, blessés gravement par la vie, à se reconstruire quand ils sont placés à nouveau dans un milieu favorable et équilibrant.
    Ce concept d’espérance appelle néanmoins deux remarques : 

          >>> La résilience doit être respectée. Nous enregistrons trop de décisions arbitraires d’enlèvements d’enfants à leur milieu de résilience parce qu’ils auraient noué des liens d’affection avec une famille d’accueil ou parce qu’il faut respecter la primauté des liens du sang et redonner une chance à des parents maltraitants.
    Parfois même, on compte sur l’enfant pour reconstruire ses parents… 

          >>> La résilience potentielle ne doit pas servir de prétexte pour placer des enfants en situation de souffrance en se disant que tôt ou tard on leur permettra à nouveau de se reconstruire. Il est des blessures qui ne se refermeront jamais.


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